L'infirmière qui travaille en EHPAD

La personne âgée -disons même très âgée (au-delà de 90 ans)- souffre, notamment en EHPAD ou en unité hospitalière classique, de multiples pathologies. Si vous êtes soignant vous le savez bien, la polypathologie de la personne très âgée est un classique.

Or, en EHPAD, nous ne disposons que d'une aide-soignante ou aide médico-psychologique pour 15 résidents et d'une infirmière pour 40 résidents dans le meilleur des cas. Voilà les dotations de l'ARS.

Sachant que certains résidents nécessitent un accompagnement pour tous les actes de la vie quotidienne (manger, se laver, se distraire, se déplacer, se coucher, se changer), comment pourrait-on soigner de façon optimale nos résidents?

Je cherche encore... Je n'ai pas abandonné la partie mais je trouve que les dés sont truqués. Il faudrait faire une réévaluation au moins bi-hebdomadaire de la démarche de soins de certains résidents très dépendants et nous les faisons dans l'urgence quand quelque chose nous a alerté (début d'escarre, refus de l'alimentation, signes de déshydratation) alors qu'il aurait fallu le prévoir. Toujours cette fameuse maltraitance institutionnelle.

Nous accompagnons un résident en fin de vie quand ce n'est pas plusieurs et nous devons gérer les urgences médicales à côté, les imprévus, les soins quotidiens, sans médecin à disposition dans l'établissement la première difficulté étant d'avoir accès à un avis médical puis à une évaluation médicale.

En m'engageant au côté des personnes très âgées j'avais peur que cela soit monotone comme travail; quelle grossière erreur!!! A chaque prise de poste il y a de nouveaux défis à relever: un résident a baissé les bras: il faut le remotiver, lui redonner confiance dans la vie et dans ses acteurs; un autre revient d'hospitalisation: il faut le rééduquer dans beaucoup des actes de la vie quotidienne qu'il n'était plus en capacité de réaliser dans son lit d'hôpital, un autre encore a mal aux dents: il faut trouver un dentiste mais au rez de chaussée car il ne peut pas monter les escaliers et il ne veut pas payer l'ambulance qui ne sera pas prise en charge.

Et la nuit, les soignants ne sont que deux et il n'y a aucun infirmier!!!

Nos ainés sont-ils si peu respectés qu'on décide de leur accorder le minimum de soins? Mais où vont les ainés de nos politiques; sont-ils eux aussi "maltraités de façon institutionnelle" ou disposent-ils de soins à domicile 24H/24? J'aimerais bien le savoir.