L'infirmière qui travaille en EHPAD

Après une phase d'adaptation plus ou moins longue, des liens sociaux se créent entre les résidents, et entre les familles des résidents.

Deux personnes qui ont une démence type Alzheimer peuvent arriver par ces liens sociaux à compenser leurs handicaps. Par exemple deux résidents qui ont une désorientation temporospatiale vont compenser cette désorientation par des réflexes dans la vie quotidienne. Deux de nos résidentes, qui mangent à la même table, s'inquiètent l'une de l'autre quand la deuxième n'est pas encore arrivée et elles vont se chercher mutuellement.

En unité protégée aussi se créent des liens sociaux. Il se crée même des liens intimes. Il suffit qu'une alchimie se crée entre leurs deux histoires de vie peut-être aussi leur inconscient, des croisements dans leur mémoire éloignée, et ils deviennent intimes avec une vie de couple recréée à partir de ce qu'ils ont connu. Parfois les dialogues sont étonnants. Ce ne sont pas vraiment des dialogues; chacun parle à l'autre à travers ce qu'il a connu, ce qu'il recrée de son histoire passée et des désaccords se font d'ailleurs lorsque l'autre ne répond pas comme il est prévu qu'il réponde. Parfois leur lucidité leur permet un dialogue plus proche de celui que nous pratiquons.

Des résidents sont aidés à table par d'autres résidents qui se proposent de le faire et qui sont heureux d'avoir ce rôle. (Bien sûr les soignants s'assurent de la réelle volonté du résident aidant).

La liste est longue de tous ces liens sociaux qui se créent et qui se transforment en fonction des possibilités de chacun.