Une journée pas comme les autres...
La matinée s'est déroulée à peu près normalement mais l'après-midi fut riches en émotions de toutes sortes.
Appel des soignantes de l'unité protégée vers 15H30: une de nos résidentes atteinte d'une démence de type Alzheimer est agressive et la communication est rendue impossible par son état d'agitation.
Nous allons donc renforcer l'équipe et voir où en est la situation. La résidente en question déambule dans le service et rentre dans toutes les chambres sans que l'on puisse entrer en communication (chaque mot de plus augmente son agitation).
Elle s'installe dans le lit d'un autre résident qui est au salon à ce moment là. Nous la laissons s'allonger et espérons qu'elle se calme d'elle-même dans cette position et à cet endroit. Nous regagnons le bureau de soins en attendant de voir la situation évoluer.
Quelques minutes plus tard, elle sort de la chambre où elle avait trouvé refuge. Elle erre dans le couloir principal et je la retrouve quelques minutes plus tard allongée au sol alors que je tentais de lui apporter un traitement prescrit en cas d'agitation sous forme de gouttes buvables dissimulées dans une grenadine.
Nous nous approchons d'elle à trois soignantes pour voir comment elle va et pour la relever. Elle ferme les yeux et ne semble pas vouloir entrer en contact. Nous nous agenouillons et essayons de la faire parler. Elle se met à pleurer. Elle exprime son envie de mourir et elle parle de façon confuse de son mari qui l'aurait trompée et de son penchant pour la boisson. Nous la faisons parler de son mari, de ses enfants (elle en a eu quatre). Elle s'apaise au fur et à mesure de l'énoncé de ses souvenirs. Elle me prend la main et elle accepte que nous la relevions.
Nous l'installons dans un fauteuil roulant le temps qu'elle soit prête à se lever. Nous l'emmenons dans le bureau infirmier où elle aime s'asseoir avec les soignants.
Je reste avec elle en faisant mes transmissions et en faisant un pillulier. J'espère aussi pouvoir lui faire boire sa grenadine. Elle essaie de ramasser un stylo qui n'existe pas. Je lui propose de dessiner et je lui donne des feutres et une feuille. Je l'invite à s'asseoir à côté de moi pour cela. Elle refuse par contre elle accepte de boire sa grenadine. Elle prend un feutre et elle écrit sur sa cuisse. Je la laisse faire. Elle semble très absorbée par ses écritures et elle me dit que ce n'est pas bien normal d'écrire comme ça. Je lui réponds que, peu importe, si elle y trouve un moyen de s'exprimer.
Elle continue et elle tente de se relire. Elle me dit qu'elle a mal à la tête. Je lui donne un antalgique; elle est apaisée. Je la laisse avec mes collègues en lui disant que je suis heureuse d'avoir pu parler avec elle aujourd'hui. Elle me sourit.
Il s'est passé environ trois quarts d'heure mais cette situation était vraiment anthologique. Une vraie victoire contre l'agitation. Un petit miracle de la communication.
L'autre évènement de l'après midi est beaucoup moins agréable. Je retourne du côté "non protégé" et le gendre d'une résidente m'interpelle, très énervé. Les médicaments du matin n'ont pas été pris par sa belle mère, la chambre est en bazar, la télécommande de sa télé a disparu. La résidente en question a une démence de type aphasique et d'habitude une aide soignante surveille la prise de médicaments pendant le petit déjeuner seulement voilà ce matin il y avait une aide-soignante en moins car malade et la soignante qui s'en est occupé ne l'a pas fait. Le gendre me menace d'appeler son avocat...
Je passe une demi-heure à calmer la famille et à m'excuser platement.
La direction aura sa lettre je n'en doute pas.
Voilà, je me sers de mon blog exutoire pour me défaire de mes émotions du jour et pour partager ces expériences.
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