L'infirmière qui travaille en EHPAD

L'avancée en âge ne se fait pas sans deuils. Plus on vieillit et plus on voit partir ses amis, des membres de sa famille, des connaissances. Quand on n'a pas d'enfants c'est parfois dramatique comme on peut être seul à 90 ans. Et ce qui l'est encore plus c'est de voir certains membres de la famille éloignée resurgir dans la vie des très âgés sous prétexte de les protéger soudainement. Certains vont jusqu'à décider pour eux. Certains vont jusqu'à les voler et ils se persuadent de leur serviabilité pour se dédouaner de cet acte. Puisque je "m'occupe" de lui ou d'elle je peux bien me servir un peu au passage...

Pendant nos études, à travers les médias, on entend parler de cette maltraitance financière et morale mais on ne l'imagine pas vraiment et on ne se rend pas compte à quel point elle est insidieuse. Un jour, vous rencontrez ces membres de la famille, vous leur faites confiance, et le lendemain cette personne qu'ils devaient protéger vous annonce que la banque l'a contactée. Son compte en banque a été débité de 3000 euros en trois jours pendant les vacances de ces soi-disant protecteurs qui avaient préalablement "confisqué" les moyens de paiement de leur ainé pour éviter les élans généreux de la vieillesse...

Quant à la solitude voilà l' exemple d' une dame âgée qui sombre lentement dans la démence et qui bénéficie d'aides diverses à domicile. Un jour elle chute, on la découvre au sol. La personne qui la découvre appelle les pompiers et prévient les soignants et aidants de la journée . La dame est emmenée aux urgences où elle attend une journée complète sur un brancard sans manger (a t elle bu je ne sais pas). Finalement, elle est auscultée par un médecin qui vérifie sa mobilité. Tout va bien, elle peut rentrer chez elle. La femme âgée et "mal orientée" rentre chez elle avec la bénédiction du médecin et elle se retrouve seule le soir. Elle va surement s'asseoir sur son canapé et elle somnole. Elle ne sait plus trop qu'il faut manger et boire ni où chercher. Les soignants qui passent d'habitude chez elle ont été appelé auparavant pour annuler leur passage puisqu'elle allait aux urgences. Et l'équipe des urgences n'a pas pensé à les appeler pensant que la femme qu'ils soignaient n'était pas si désorientée. La dame reste ainsi pendant deux jours on ne sait pas trop dans quelles conditions. Heureusement, elle a une nièce qui l'appelle régulièrement et qui se rend compte du problème au téléphone. Elle la fait rentrer en institution immédiatement, pour la "protéger". 

On peut se poser la question suivante: pourquoi ne pas attendre un peu avant la mise en institution et lui faire reprendre ses habitudes avant cette proposition. N'y a t il pas abus de faiblesse en profitant du choc vécu récemment pour la faire entrer en institution? Qui a les clés de l'appartement?

Pendant ce temps, la dame âgée entre en institution dans l'urgence sans dossier médical, sans continuité dans le soin, sans que l'on sache ses habitudes, ses repères. Elle perd pied, elle devient complètement désorientée, elle déambule, elle chute de façon répétée. On la place en unité protégée pour mieux la surveiller et l'accompagner.